Méfaits du capitalisme sauvage
Lorsqu'il y a une crise sérieuse, il faut éviter de la vivre au rythme de trois journaux télévisés par jour (matin, midi et soir). La répétition d'une bêtise ne la rend pas moins sotte. Il est donc plus que temps que nous prenions le temps de nous assoir un peu pour réfléchir.
L'origine la plus proche de la crise actuelle est évidemment la démesure de quelques banques américaines dans le maniement du crédit, suivie par la recherche de bénéfices juteux des autres banques -même françaises- qui ont racheté de ces fameux "hedge funds" (créances pourries) qui rapportent bien mais manquent de liquidité. Cela aurait pu n'être qu'une bonne leçon pour ces institutions financières gourmandes et imprudentes mais les défauts d'un capitalisme débridé ont entrainé d'autres spéculations sur des actions dévalorisées qu'il était tentant de racheter à vil prix.
BNP-Paribas a acheté FORTIS, la Caisse de Dépôts et Consignations se renforce dans DEXIA, en Allemagne Hypo Real Estate est regonflée par la Bundesbank, et ainsi de suite dans de nombreux pays. La crise est bonne pour certains.
Bien sûr, les "Cac 40", "Footsie", "Dow Jones", "Dax", "Nikkei", etc font grise mine. Les bourses en général perdent leur signification en tant qu'indicateur de la santé des économies nationales. Car enfin, nos industries n'ont pas déméritées, nos productions ne sont pas bonnes à jeter, nos chercheurs ne sont pas stériles, nos besoins de consommation ne se sont pas vaporisés. Non, tout cela est maintenant une question de confiance qui tient pour le grand public c'est à dire nous à ce qui se dit, aux promesses pas crédibles, à la langue de bois des décideurs, à la surenchère des journalistes.
Et, lorsque les "tireurs de ficelle" d'un capitalisme sauvage estimeront qu'ils ont fait leur bénéfice, ils cesseront de souffler sur les braises qui mettront alors un certain temps à refroidir, jusqu'à la prochaine fois. Des milliards auront changé de poche. Jadis, il aurait fallu une guerre pour le même résultat.
Ce qui serait bien, c'est que les dirigeants politiques, portés par l'émoi des peuples, aient le courage de prendre les décisions qui freineraient ces enchainements. Moraliser le capitalisme ! Est-ce possible ? Oui, pas avec des discours mais par des décisions courageuses qui empêcheraient ce jeu de quilles auquel se livrent les spéculateurs. Mais sauront-ils se mettre d'accord ? Faire leur devoir ? Les pressions sont rudes et, en démocratie, elles comptent beaucoup pour nos élus.