Il faut sauver la fée des champs.
Ce titre me rappelle le film qui retrace l'histoire du "soldat Ryan". L'enjeu était dramatique pour la mère de ces garçons partis au front, autant que l'est la situation de l'agriculture en France. Et si le peuple français ne se mobilise pas pour soutenir ses paysans, il sera aussi indigne qu'une nation qui ne soutient pas ses soldats. Le parallèle peut sembler audacieux et pourtant une bonne armée tout comme une solide agriculture est fondamentale pour un pays qui a de l'ambition.
Cependant, pour en débattre sérieusement, il faut d'abord faire l'inventaire des forces en présence :
1) les paysans sont ceux qui entretiennent nos paysages, qui préservent la nature et qui nourrissent les hommes. Ils ne peuvent pas se cantonner à nos frontières parce que leur aire de jeu est le monde. Vous ne l'aviez pas remarqué, vous qui voulez manger de tout à toute époque et en tous lieux ?
2) les intermédiaires du commerce. Ceux-là, aussi, sont irremplaçables parce que je ne vois pas tous les citadins se déplacer dans les fermes toutes les semaines pour remplir leurs garde-mangers : encombrements assurés.
3) entre les deux, il nous faut des professionnels qui stockent, qui conditionnent la marchandise et fournissent les commerçants petits ou géants.
4) enfin, sans consommateurs, tout le système serait inutile. Ce sont ces clients, in fine, qui expriment leur demande et orientent les productions.
Finalement, tout cela devrait fonctionner rondement; chacun pourrait y trouver son compte, s'ils savent compter et anticiper. Alors, où est le problème ? Celui-ci apparait très clairement car il y a un absent, un absent de marque qui dirige en douce tout ce beau monde, je veux parler des banques et dans ce secteur économique, il faut nommer le Crédit Agricole. Depuis plusieurs mois, les paysans bloquent certaines régions, hurlent leurs détresses, désespèrent les uns des autres, cherchent les coupables, accusent l'Europe et les accords internationaux mais personne ne parle des banques et de celle qu'on appelle la "banque verte".
Dans un compte d'exploitation de paysan, le poste qui bloque le tout, ne serait-ce pas le poids des dettes, les intérêts à verser et le remboursement ?
Il ne nous reste plus qu'à définir qui pousse aux investissements, qui suscite les besoins exagérés, qui élève la productivité au rang d'une divinité incontestée ? Lorsque nous aurons répondu à toutes ces questions, il n'en restera plus qu'une dernière : que font donc les chambres d'agriculture pour aider les paysans à faire les bons choix ?